Ce parc se trouve dans la propriété du « château » de La Forge que Jean Kiener père (Hunawihr
1794- Gunsbach 1875) se fit construire en 1865. Jean Kiener père avait développé
vers 1854 une industrie textile au lieu-dit La Forge, en contre-bas du village
de Walbach. À l’est de l’usine, il se fait édifier une villa-château entourée
d’un parc de 18 ha agrémenté d’espèces exotiques et de pièces d’eau. Les
essences encore présentes, à savoir un
tulipier de Virginie, un séquoia et un cèdre, sont représentatives
de la palette végétale utilisée dans la période où Auguste-Napoléon Baumann
(1804-1884), pépiniériste-paysagiste de Bollwiller, intervenait dans la création de parcs.
La famille Baumann était très liée à celle des Kiener et leurs membres se
fréquentaient régulièrement. Un jour, accablé par les soucis, Auguste-Napoléon
Baumann s’était assis dans un coin du parc, en proie à de sombres méditations.
Le père Kiener, en promenade, l’y surprit. Le pépiniériste, en désespoir de
cause, lui confia la nature de ses soucis financiers. « Viens avec moi, dit
Kiener, nous allons boire une bouteille ». Il l’entraîna avec lui au château,
ouvrit son coffre et lui remit une importante somme d’argent. « Mais, dit
Auguste-Napoléon, je ne pourrai jamais… ». « Qu’à cela ne tienne, répliqua
l’industriel, pour la peine, tu me dessineras et aménageras un parc autour de
mon château ». La maison Baumann était sauvée et le parc de La Forge fut un
modèle du genre.
Source : Cécile Modanese, doctorante : « La dynastie des pépiniéristes Baumann de Bollwiller et leur influence sur l'horticulture et le goût des jardins »
Dans Les Saisons d'Alsace N° 72-2017, figure pages 54 à 59, un article de Cécile Modanese : "Les pépinières Baumann de Bollwiller" avec de nombreuses illustrations.
A l'entrée de La Forge, en venant de Colmar, on découvre un grand parc et une maison de maître,
propriété ayant appartenu à la famille Kiener et acquise par la S.N.C.F. en 1936.
(Photothèque SHW 856)
La superficie de cette propriété, entièrement clôturée, est de 18 hectares.
(Photothèque SHW 855)
(Photothèque SHW 859) |
(Photothèque SHW 857) |
(Photothèque SHW 858) | (Photothèque SHW 860) |
Vues du parc de Wintzenheim - La Forge, vallée de Munster, Alsace
(photos L.C. Zahneissen Munster)
Vue du château Kiener en 1914 - La Forge, vallée de Munster, Alsace
(photo L.C. Zahneissen Munster - Photothèque SHW 687)
1916
Park der Hammerschmiede mit Blick auf die Pflixburg
Parc de La Forge avec vue sur le Pflixbourg
(Photothèque SHW 578a)
1954
SNCF - Aérium de Walbach - Le parc
Édition La Vie du Rail 1954 N° 83
(Photothèque SHW 172-862)
1967
Photo Robert Herzog Munster
(Photothèque SHW 861)
La Forge - Extrait du Plan Communal de 1830 remanié en
1915
1: Usine - 2: Château Kiener - 3: Parc
Plan de 1948 (collection ITEP)
Plan de masse cadastral 2019
Baumann Jean, fondateur de la pépinière de Bollwiller, né à Dornach en Suisse, travaillait, en 1730, comme ouvrier jardinier chez un riche horticulteur en Hollande. Il fut connu du maréchal comte de Rosen, seigneur de Bollwiller, qui l'appela auprès de lui, l'engagea à son service et lui confia le soin de ses jardins à Bollwiller. Jean répondit parfaitement aux vues de son patron et bientôt on vit surgir la plus magnifique plantation d'arbres fruitiers sur une étendue de deux hectares.
Son fils, François Joseph, né à Bollwiller en 1753, lui succéda comme maître-jardinier seigneurial, agrandit considérablement l'établissement, fut prévôt de Bollwiller et sut étendre au loin le renom de sa maison. Il écrivit l'intéressant Catalogue des arbres fruitiers les plus estimés qui peuvent se cultiver dans notre contrée, avec leur description..., (Colmar, 1788, in-12), suivi d'observations générales sur la plantation des arbres fruitiers. Quand il mourut en 1837, il laissa le très florissant établissement à ses deux fils Augustin et Joseph-Bernard.
Ce dernier, né à Bollwiller en 1776, après avoir reçu son éducation horticole auprès de son père, alla se perfectionner dans le jardin grand-ducal de Karlsruhe, puis travailla au Jardin botanique de Berlin et fut enfin maître-jardinier de la cour de la princesse de Courlande. Riche des expériences qu'il avait recueillies dans ses voyages, il rentra à Bollwiller où il sut les mettre à profit avec les plus grand succès. Bientôt les deux établissements des frères Baumann furent des plus beaux existant en Europe et des plus considérables de France, présentant une superficie de trente hectares, où se voyaient des pépinières magnifiques d'arbres et d'arbustes de toutes sortes, de fleurs indigènes et exotiques, des cépages de toutes les parties du monde, des collections infiniment variées de plantes d'ornement de pleine terre et de serre. C'est Joseph-Bernard qui introduisit d'Amérique en Alsace et par suite en Europe, en 1820, le cépage dit Isabelle et qu'il propagea sous le nom impropre de Raisin du Cap. Il planta aussi, au commencement du XIXe siècle, un cèdre qui fit pendant trois-quarts de siècle l'admiration des visiteurs des jardins de Bollwiller : après avoir résisté à toutes les intempéries et rigueur des saisons, cet arbre magnifique périt victime de l'hiver rigoureux de 1879-1880.
Quand le roi Charles X fit son voyage en Alsace, en septembre 1828, il fut reçu à Bollwiller sous un élégant arc de triomphe en verdure, auprès duquel les autorités et toute la population s'étaient groupées ; de vastes gradins gracieusement ornés avaient été dressés près de l'arc de triomphe et étaient chargés d'une immense collection de plantes exotiques les plus rares de différentes parties du monde : le tout provenait des établissements des frères Baumann. Les demoiselles Julie et Joséphine Baumann présentèrent au monarque des fleurs et une pomme d'une grosseur extraordinaire de la plus rare beauté, dite Pomme royale. Le roi daigna accepter cet hommage avec la plus touchante bonté. En 1822, la Société pour l'encouragement des Arts, formée à Genève, accorda aux intelligents horticulteurs de Bollwiller une médaille d'or ; la Société centrale d'agriculture de Paris leur décerna également une médaille d'or. Joseph-Bernard mourut en 1859, laissant une partie de l'établissement à son fils Auguste-Napoléon, né en 1804.
Celui-ci reçut son éducation et son instruction horticoles en Allemagne, entre autres à Nymphenbourg, à Vienne, au Jardin botanique de Berlin, où il travailla successivement. Il visita ensuite les plus beaux jardins et parcs de France, d'Angleterre et de Hollande et puisa dans ces voyages le haut goût qui le distinguait. Marié à une des filles d'Augustin Baumann, il passa plusieurs années dans une heureuse retraite et mourut dans les années 1880.
Son fils, Émile-Napoléon, continua l'œuvre de son père et porta la superficie des plantations, particulièrement celle des arbres à fruits, à quarante hectares. La fille de Joseph-Bernard épousa François-Emanuel Gay, né à Lutry, près de Genève, mort à Bollwiller en 1876. Celui-ci fut le fondateur de la branche latérale de la Maison Baumann.
Source : Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Tome 1 / par Fr. Édouard Sitzmann
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