Colmar. La chambre correctionnelle de cette ville de la haute Alsace vient
d'infliger trois mois de détention dans une forteresse, s'il vous plait, à M.
ROHMER, médecin à Wintzenheim. Son crime ? Citons le Journal d'Alsace :
Un Badois, qui porte l'harmonieux nom de Schneckenburger, avait acheté une
pharmacie à Wintzenheim ; cet infortuné Germain ne tarda pas à constater que son
prédécesseur avait plus ou moins falsifié ses livres et qu'il avait payé très
cher une officine qui n'était que médiocrement achalandée. Le docteur ROHMER,
disait-il, avait été complice de cette demi-escroquerie. Notre Schneckenburger
fait le serment de se venger, et voici ce qu'il imagine : "Schneckenburger, dit
le Journal d'Alsace, a, dans sa chambre, à côté de son magasin, plusieurs
portraits représentant l'empereur et d'autres personnages princiers allemands.
Un jour, le docteur lui dit de les enlever et proféra à cette occasion plusieurs
paroles injurieuses pour l'empereur. Le docteur ROHMER nie ces propos, mais il
est contredit par la femme Schneckenburger et son ancien commis. En conséquence,
le tribunal le condamne à trois mois de forteresse."
Vous avez bien lu : le
docteur ROHMER nie ; Schneckenburger, sa femme et son commis affirment. Ce
triple témoignage intéressé suffit au tribunal.
Source : Séverac, GIL BLAS numéro 2972 du 7 janvier 1888
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