WINTZENHEIM.HISTOIRE

Lettre de 1833


Logelbach

19 mars 1833 : lettre de M. Ed. Jordan des Ets Haussmann au Logelbach
au Préfet du Haut-Rhin sur la situation économique dans le département.

Wintzenheim

Au Logelbach, le 19 mars 1833
Monsieur le Préfet,
Pour répondre à la lettre dont vous m’avez honoré
le 14 de ce mois, je n’aurai que peu de chose à vous dire
sur l’industrie du Département, parce qu’il n’y a jamais
moins à dire que quand tout va bien.
Les ateliers de toutes les branches d’industrie
sont en grande activité, et la main d’œuvre de la filature
et du tissage a subi, depuis 4 à 5 mois, une augmentation
graduelle qui a sensiblement amélioré le sort des
ouvriers qui se vouent à ce travail.
Les calicots ordinaires dont le prix a été
exagéré pendant le mois de Novembre et Décembre,
sont revenus au prix de 16 ½ sous pour l’écru, mais
quoique la baisse soit sensible, il reste encore un bénéfice
à la filature et au tissage qui suffit pour encourager les
travaux de ces deux branches.
L’impression va très fortement en ce moment.
Elle se vend en fortes quantités et à des prix plus élevés
qu’en 1832, à Paris, Lyon, Bordeaux, dans tout l’intérieur
de la France. L’allemagne elle-même la paye mieux
que l’année dernière ....
Cette amélioration si .... l’état de ....
A Monsieur Renauldon, Préfet du Haut-Rhin

Wintzenheim

... l’industrie est à attribuer au retour de la confiance, depuis
que le maintien de la paix parait bien assuré, à la marche
franche et loyale de notre gouvernement qui, depuis 1830,
a su résoudre des questions bien difficiles, et enfin
au retour de l’aisance que devaient, nécessairement, ramener
la diminution de prix des subsistances et la reprise de
tous les travaux que notre crise politique avait interrompus.
Le commerce et l’industrie ont généralement
la conviction que le Gouvernement veut sincèrement leur
prospérité ; ils en ont, surtout, trouvé le gage dans
le maintien de la paix et pour la répression de tous
les désordres intérieurs, sans parler de tout ce qu’on a fait
en leur faveur, depuis la révolution de 1830*. Cette
conviction que partageaient aussi les capitalistes n’était
combattue en eux que par la crainte que le gouvernement
ne put éviter la guerre et résister aux chocs intérieurs.
Aujourd’hui que ces questions se trouvent résolues par
la prudence et la fermeté de la haute administration, les
capitaux doivent nécessairement suivre quand le
crédit public élève la rente à un cours qui ne leur
présente plus d’avantages. De là l’activité qui règne
de nouveau dans toute l’industrie française en général,
et que provoquent, avant tout, les besoins bien réels
d’une consommation longtemps sevrée. Il est seulement
à désirer que cet heureux état de choses se maintienne ; et,
pour cela, il faudra toujours la paix, au dehors, et l’ordre
au-dedans. On ne trouvera pas un industriel, un ....

Wintzenheim

... négociant un peu marq.... rance, qui ne fasse ce vœu.
C’est en cela, surtout, qu’il y a identité parfaite entre les
intérêts de la nation et ceux du gouvernement. Comment
pourrait-il en être autrement, sous un gouvernement éclairé
comme le nôtre, qui comprendra toujours que la prospérité
publique est la première base de sécurité pour lui-même ?
à qui peuvent profiter les émeutes, les désordres intérieurs,
toutes les chances et toutes les charges d’une guerre générale ?
Pardonnez-moi, Monsieur le Préfet, toutes ces
réflexions que je vous soumets à la hâte, au milieu
de mon occupation : elles se lient naturellement à mon
sujet ; jamais plus que depuis notre révolution la
politique ne s’est liée aux affaires commerciales.
Notre sauvegarde est dans la force du Gouvernement,
et, quand le gouvernement est loyal et franchement
constitutionnel, comme le nôtre, on ne doit jamais
craindre qu’il soit fort, puisque sa force n’est que
celle nécessaire pour faire respecter les lois.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet,
l’assurance de ma haute considération,
Ed. Jordan

A Monsieur (Charles Claude) Renauldon
Préfet du Haut-Rhin
A Colmar
Annotation : De la part de M. Jordan au Logelbach

*

Lettre retranscrite par Marie-Claude Isner

(archives Société d'Histoire de Wintzenheim - Photothèque Grands Formats 017)


En quelques mots...

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830. Tableau évoquant la Révolution de Juillet

* La Révolution française de 1830, est la deuxième révolution française après la première, celle de 1789. Une partie des Parisiens se sont soulevés contre la politique très réactionnaire du gouvernement du roi Charles X qui voulait supprimer le droit de presse. Elle porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier, à la tête d'un nouveau régime, la Monarchie de Juillet qui succède à la Seconde Restauration. Cette révolution se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites « Les Trois Glorieuses ».



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