Article signé Hubert MEYER, paru dans le Bulletin d'information municipal de 1986
En l'absence de pièces d'archives, il est difficile de retracer l'histoire, surtout le passé lointain. Il n'est possible de remonter qu'aussi loin que des témoins encore en vie peuvent apporter leur témoignage ou celui qu'eux-mêmes ont pu recueillir de leurs parents ou grands-parents. Ainsi, nous ne pouvons retracer l'origine même du bâtiment le plus ancien, situé le long de la route et qui est composé à l'est par la maison abritant actuellement les services administratifs, dans un passé récent, la chapelle. Vers l'ouest ce bâtiment est flanqué par une partie moins élevée mais disposée tout en longueur. Enfin, beaucoup plus tard, fut ajouté la 2ème maison à l'ouest du bâtiment central ; à l'évidence cette rajoute devait faire le pendant pour équilibrer architecturalement l'ensemble.
Les deux premiers bâtiments ont été érigés ensemble, les murs de refend permettant de le constater. On ne peut dater la construction faute de documents. Il est cependant permis de penser qu'ils remontent au début du XVIIIe siècle. En remontant à cette époque, il est certain que cet ensemble était géographiquement isolé du village, toutes autres constructions autour de ce lieu étant beaucoup plus récentes. L'environnement était composé de prairies et de terres à culture. Ainsi ce complexe aurait très bien pu avoir une vocation de ferme agricole au départ...
Acte de décès de Charles Théophile Popp le 6 août 1860
Ayant appris que les deux bâtiments ont fait l'objet d'une donation à la commune par un certain Popp, après recherches effectuées dans les registres d'Etat-Civil, c'est en effet en l'an mil huit cent soixante, le six août que devant l'adjoint au maire, Louis Grad, délégué comme officier d'état-civil, sont comparus le secrétaire de mairie, Joseph Braun et l'appariteur Auguste Haeffele, pour venir déclarer le décès de Monsieur Charles Théophile Popp, survenu ce jour à sept heures du matin. Il est précisé dans l'acte que Monsieur Popp était décédé dans sa propre maison, située faubourg de Colmar. Il était âgé de 63 ans. Il était veuf de feue dame Marie-Thérèse-Charlotte Leinolt décédée à Wintzenheim.
Il était le fils légitime des feu Charles Frédéric Ferdinand Popp, ancien magistrat décédé à Strasbourg et de Monique Thérèse Chouard, décédée à Paris. Le décédé Charles Théophile Popp était né à Paris et exerçait la profession de juge de paix du canton de Wintzenheim.
Suite à d'autres recherches effectuées dans le cadre du centenaire du Club-Vosgien, nous savons que le successeur de Monsieur Popp fut un certain Rossmann, premier président du Club-Vosgien de Wintzenheim fondé en 1873. C'est en 1875 que le siège du juge de paix du canton fut transféré à Colmar. Dans un autre document d'archives, une concession de cimetière du 29 juin 1863, il est dit que le Conseil Municipal a adopté le 8 octobre 1852, le principe de mise à disposition de concessions. Cet arrêté a été approuvé par M. le Préfet le 12 janvier 1853. Cela confirme la mise en place du « nouveau » cimetière en 1852, c'est-à-dire six ans après l'achèvement de la construction de la nouvelle église, l'ancien cimetière et l'église se situant sur la propriété actuelle de l'hôtel-restaurant « Chez Lucien ». Dans ce document il est fait état de la demande d'une concession de Mlle Valentine Popp, propriétaire à Wintzenheim, pour l'inhumation de feu son père. La concession a été demandée pour trente ans, renouvelable. Cette tombe se trouvait être l'une des premières dans le nouveau cimetière car elle se situait assez près de l'entrée. Elle a été récupérée en 1979 après avoir été à l'abandon pendant très longtemps.
La demande de concession, 1863
Il n'est pas possible de savoir quand la donation de la famille Popp à la commune a eu lieu. On sait cependant qu'en 1896, la « maison des vieillards » remplissait sa fonction. On sait aussi que la donation a eu lieu en contrepartie des soins apportés à Mlle Valentine Popp. Etait-elle malade, invalide ou la donation devait-elle simplement permettre à la demoiselle de profiter de l'usufruit de sa propriété familiale en ayant en plus les soins ? Toujours est-il qu'au départ les deux bâtiments [à l'Est] servaient uniquement pour les femmes. Cette demoiselle est décédée et a été inhumée dans la tombe de son père, son nom figurant sur la pierre tombale.
Afin de mieux cerner l'origine des noms de cette famille, j'ai feuilleté le
dictionnaire des patronymes :
Popp : est un dérivé de Poppo ; nom germanique latinisé qui
est une forme de Bob qui veut dire " petit garçon ". Normalement ce nom s'écrivait
avec un e final : Poppe. Pourquoi celui-ci a-t-il disparu ?
Chouard : est dérivé directement du mot Chouan, qui
s'appliquait aux royalistes français. C'est donc un fonctionnaire de vieille
France né à Paris, mais originaire de notre région, marié à une parisienne qui
exerça le métier de juge de paix dans notre canton.
En 1896 fut dressé un premier plan d'agrandissement de « l'hôpital ». C'est une merveille de conception. En regardant ce plan, on constatera que tout y était prévu, du bâtiment principal de 50 mètres de longueur à la maison du portier-jardinier etc... On peut même y lire en ce qui concerne l'ancien bâtiment qu'il est destiné à la démolition. Nous sommes à 90 ans de cette date... et le vieux bâtiment existe toujours ! Ce projet est resté dans les cartons de son concepteur, M. F.X. Kruger, ingénieur-architecte.
Projet d'agrandissement F.X. Kruger de 1896, sans suite...
En 1904 fut conçu le bâtiment carré qui devait être réalisé en jonction avec le bâtiment d'origine. Son architecture nous rappelle celle des Allemands de fin du XIXe siècle. Il est précisé sur le plan qu'il s'agit du bâtiment pour hommes. En 1943, le sous-sol fut transformé en « Bunker », pour abriter des personnes lors des combats de 1944/45. Une naissance y a même eu lieu à Noël 1944.
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La "maison carrée" de 1905, façade SUD à l'arrière |
 La "maison carrée " de 1905, façades Nord et Ouest |
En 1911 on devait rendre la liaison entre les anciens bâtiments et celui réalisé en 1904 plus fonctionnelle par l'adjonction d'une galerie aérienne en bois du côté sud. Elle fut fermée plus tard jusqu'au ras du sol pour contenir la buanderie et autres locaux de service. Nous voilà reparti pour 55 ans car ce n'est qu'en 1962 que fut réalisé le nouveau bâtiment pour femmes, ce en parallèle par rapport aux anciens bâtiments. Une nouvelle galerie verrée s'ajoutait à l'ancien bâtiment ainsi qu'un passage couvert pour relier l'ancien et le nouveau bâtiment. Enfin en 1976/77, ce fut l'accolement en continu du nouveau pavillon qui devait également intégrer réfectoire, cuisine, salle de télé, services etc...
Liaison couverte entre l'ancien bâtiment et celui de 1905
L'arrière de l'hospice le 13 novembre 1990, juste avant sa démolition (Archives Mairie). A gauche, le nouveau bâtiment.
Dans le cadre de l'humanisation des maisons de retraite, un nouveau pas devrait être franchi. L'insuffisance du nombre de lits ainsi que l'amélioration des conditions de confort avec des chambres à un lit ou deux au maximum, la création d'une cellule administrative, l'agrandissement du réfectoire et la suppression à terme de l'ancien bâtiment font que le Conseil d'Administration en liaison avec la municipalité se penchent actuellement sur ce projet. Une pré-étude architecturale et fonctionnelle est en cours.
Gageons que l'année 1986 devrait marquer le tournant décisif en la matière. Ce sera une contribution de plus au mieux-être de notre population et en particulier celui des personnes âgées. Pratiquement, on aura parcouru un siècle entre la création de la maison des vieillards et la réalisation d'une unité moderne et fonctionnelle au service du bien-être de nos anciens.
Source : Hubert Meyer, Bulletin d'information municipal 1986
Le 12 décembre 1868, le conseil municipal de Wintzenheim avait été informé de l'intention de M. Herzog, industriel à Logelbach, de faire une donation à la commune afin de créer une maison de bienveillance pour les personnes nécessiteuses. Quelques années plus tard, cette maison deviendra un hospice, tenu par les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Marc. Les religieuses y étaient présentes jusqu'en 1985. Bien que le type de population accueillie diffère, la finalité reste la même : celle du bien-être du résident. Un élément évolue cependant : le bâtiment, de plus en plus vétuste. Les opérations de rénovation ont ainsi rythmé ces derniers lustres (première extension du bâtiment en 1989) jusqu'au jour où Corinne Dolle, alors directrice, projette la modernisation pour les Magnolias...
Source : Sven Bachert, L'Alsace du mardi 11 septembre 2012
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