WINTZENHEIM.HISTOIRE

La Forge : Jean Kiener père (1794-1875)


Jean Kiener père

Jean Kiener père est né à Hunawihr le 28 février 1794, fils de Jean Kiener, « ministre du culte évangélique de la confession d'Augsbourg » et de Marguerite Sophie Jaeglin.
Il épouse, le 11 juillet 1837 à Colmar, Caroline Schmutz, née à Colmar le 12 avril 1818, fille de Philippe Emmanuel Schmutz, brasseur et de Marie Salomé Geistodt.
Jean Kiener et Caroline Schmutz ont quatre enfants nés à Gunsbach :
- Jean né le 24 février 1838 (Jean Kiener fils)
- Sophie Caroline née le 19 février 1839
- Louis Alphonse né le 30 décembre 1840
- Louise Amélie née le 13 septembre 1842 et décédée le 12 avril 1843.
Caroline Schmutz leur mère décède à 26 ans, le 23 juin 1844.
Jean Kiener père décède le 18 mars 1875 à Gunsbach à l’âge de 83 ans.

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Jean Kiener père a repris dans les années 1840 les forges de Jean Bicking et son beau-frère Surérus, tombées en faillite. Il se réoriente vers la fabrication des toiles de coton, principalement les articles de blanc destinés aux usages domestiques : madapolam ordinaire, percale fine, toile commune de largeur modeste (82 centimètres) et cretonne de draps de lits (d'une largeur de 240 centimètres). La Vallée de Munster et les Vosges centrales, guide du touriste (Jean Bresch, 1871), qui donne ces précision, recommande la visite des « établissements de tissage de M. Jean Kiener fils » où, dans un « beau parc longé par la voie ferrée voisinent l’ancien bâtiment des forges et les nouvelles extensions de l’industrie cotonnière », les maisons d'habitation des ouvriers et des employés et la villa du patron ». Le guide conclut : « M. Jean Kiener jouit de la réputation d'un grand commerçant, d'un spéculateur consommé, et d'un fabricant de premier ordre ; il est parvenu à une très-grande fortune. » Selon une enquête datée de 1853, Jean Kiener emploie 505 ouvriers (302 au tissage de coton, 203 à la filature de coton). Jean Kiener père est maire de la commune de Gunsbach (près de Munster) de 1860 à 1864.

Source : «Kiener, Jean (1794-1875)», Correspondance familiale, Compléments historiographiques

Un prochain Annuaire de la Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster publiera un article sur les pierres tombales des Kiener, situées au cimetière de Gunsbach.


Visite "touristique" des Ets Jean Kiener Fils de La Forge en 1871

Arrivés aux forges de Wintzenheim (10 kilomètres de Colmar, 9 kilomètres de Munster), il ne serait pas sans intérêt, pour ceux qui pourraient disposer d'une heure, de visiter les établissements de tissage de M. Jean Kiener fils. Fondées vers Fan 1840 par Jean Bicking et son beau-frère Surérus, taillandiers de Munster, ces Forges furent exploitées par ces deux industriels pendant quelques années. Bientôt après, enveloppée dans une série de mauvaises affaires, la maison tomba en faillite ; les deux fondateurs émigrèrent en Amérique, où Jean Bicking mourut quelque temps après. M. Jean Kiener fils, de Gunsbach, leur succéda dans l'exploitation des Forges et en devint définitivement propriétaire. Il ajouta au maillage du fer, l'industrie de la fabrication des toiles de coton, comptant créer dans cette localité pour l'avenir, une importante succursale de ses grands établissements de Gunsbach. M. Jean Kiener déploya, dans la conduite de ses établissements de Wintzenheim, l'énergie et l'activité qu'il apportait à toutes ses entreprises. Sous l'influence de l'essor merveilleux qu'avait pris l'industrie cotonnière avant la guerre d'Amérique, on vit surgir ici, dans l'espace de quelques années, d'autres constructions, enclavant le bâtiment des Forges et bâties pour l'extension de la nouvelle industrie. L'ensemble de cette belle création, qui comprend, avec les maisons d'habitation des ouvriers et des employés, la villa du patron, ainsi que son beau parc, occupe un vaste emplacement, coupé par la grande route et longé par la voie ferrée. Ces constructions variées donnent un charme tout particulier de relief et d'activité à la contrée avoisinante, en lui enlevant un certain cachet de sévérité et de monotonie.

Le bâtiment principal de ces tissages forme un énorme carré de rez-de-chaussée, système anglais, dominé et enclavé par d'autres constructions : on le voit à peine. On vous y introduira, et votre étonnement se portera, tout d'abord, sur la vaste salle, éclairée par le plafond ; la toiture est soutenue par plusieurs rangées de colonnes en fonte. Mais au bout d'un instant, vous vous trouverez saisi d'un vertige soudain, causé par le tapage infernal de 500 métiers de tisserands, placés symétriquement les uns derrière les autres sur plusieurs lignes parallèles. En même temps votre vue se porte sur les transmissions qui communiquent à ces métiers un mouvement d'une rapidité merveilleuse : tout marche, tout pétille, tout craque. Après quelques minutes de visite, vous êtes trop heureux de sortir et de vous dérober à ce vacarme assourdissant et inaccoutumé, pour reprendre, à l'air libre, votre calme habituel. Les produits des tissages de M. Jean Kiener fils sont principalement les articles de blanc destinés aux usages domestiques; on tisse dans cette maison des toiles de toutes espèces et de toutes qualités, depuis le Madapolam le plus ordinaire jusqu'à la Percale la plus fine, depuis la largeur modeste de 82 centimètres (toile commune) jusqu'à la cretonne de draps de lits, d'une largeur de 240 centimètres, et cela dans toutes les variétés intermédiaires et subdivisionnaires possibles. Ces tissus réalisent tout ce que le génie du commerce a pu inventer, pour satisfaire à toutes les exigences de la consommation la plus étendue et la plus variée.

M. Jean Kiener jouit de la réputation d'un grand commerçant, d'un spéculateur consommé, et d'un fabricant de premier ordre ; il est parvenu à une très-grande fortune, et on pourrait le comparer à M. Herzog, du Logelbach. Tous deux, vaillants soldats de l'industrie, ont commencé leur carrière, en servant depuis la simple pique ; tous deux ont trouvé, dans leur giberne, le bâton de maréchal.

Source : LA VALLÉE DE MUNSTER ET LES VOSGES CENTRALES, GUIDE DU TOURISTE, Jean Bresch, 1871


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