Wintzenheim se situe à l’entrée de la Vallée de Munster, adossée à la colline du Rotenberg et dominée par le massif granitique du Hohlandsbourg. Le ban de Wintzenheim s’étend sur 18,97 km2. Sa population de près de 8.000 habitants se répartit entre Wintzenheim Centre, Logelbach et La Forge.
Au courant de l’ère néolithique, des éleveurs-agriculteurs occupèrent les hauteurs des reliefs. Plus tard, des tribus d’origine celtes et germaniques s’installèrent au pied du massif et se déplacèrent en suivant le tracé des pentes. Epargné par les crues de la Fecht et à l’abri des zones marécageuses, ce chemin permettait d’accéder au fond de la vallée, de traverser les Vosges et de rejoindre les voies de communication Nord-Sud situées dans la plaine et le long du Rhin.
01 - Restes d’un Vicus Routier romain, gîte d’étape (photo Gilbert Bombenger)
Des périodes d’invasions, de migrations et de troubles succèdent à l’époque romaine. La christianisation progressive, l’ère carolingienne, apportent une relative stabilité permettant le développement des villes et villages. C’est à cette époque (786), dans une transaction de l’abbaye bénédictine de Murbach, qu’apparaît la dénomination de «Wingisheim» qui deviendra Wintzenheim. Le blason de Wintzenheim « de sinople à un lévrier rampant d’argent, accolé et bouclé d’or » ressemble, peut-être par hasard, étrangement à celui de Murbach...
02 - Vitrail d'une fenêtre de la Salle du Conseil à l'Hôtel de Ville (photo Guy Frank)
Wintzenheim fait partie de l’Empire Romain Germanique. A partir du XIVème siècle, le morcellement territorial fait que l’Empire et la Maison d’Autriche exercent leurs droits seigneuriaux sur Wintzenheim et ses terres. La paroisse, dédiée à Saint Laurent (1302,) fait partie du diocèse de Bâle jusqu’à son rattachement au diocèse de Strasbourg en 1801. Une enceinte percée de trois portes garantit une certaine sécurité aux habitants, permet le contrôle des personnes et des biens, et la perception de droits divers.
03 - Armoiries de l’abbaye de Remiremont (photo Gilbert Bombenger)
L’abbaye des Nobles Dames de Remiremont est également
propriétaire, en particulier de vignes reçues en dotation dont elle tire des
bénéfices.. Cette propriété, régie par des contrats de longue durée et une
administration stricte, formait une cour domaniale ou « Dinghoff ». Les
bâtiments dans lesquels les différents acteurs de cette cour se réunissaient,
ont été vendus comme biens nationaux lors de la Révolution et ont disparu. Seul
un médaillon enchâssé dans l’immeuble érigé à la place de l’ancienne cour
rappelle ce passé. (Actuellement le pôle médical occupe le bâtiment).)
Les vestiges de deux châteaux témoignent de cette époque :
Le château du Hohlandsbourg : élevé au sommet du Hohlandsberg
en 1279 par Siegfried von Gundolsheim, il changea très souvent de propriétaire.
L’un des plus connu est incontestablement Lazare de Schwendi, capitaine de
lansquenets au service de l’Empire. Il agrandit et renforce les défenses et les
fortifications du château. Lieu de garnison, le château permettait une
surveillance de la région à 360°, servait de prison aux condamnés et de lieu
d’exécution. Détruit en 1633 par les Suédois, il fut rasé par les Français en 1635.
04 - Le château du Hohlandsbourg (photo Guy Frank)
Le Pflixbourg : érigé vers la fin du XIIème siècle sur une éminence rocheuse, il sert de cantonnement de troupes permettant de tenir en respect d’éventuels envahisseurs en attente sur l’autre versant de la vallée. Au courant du XVème siècle, la famille de Hattstatt alliée aux Ferrette, entre en conflit avec les Ribeaupierre. Le château sera détruit vers 1440.
05 - Le château du Pflixbourg (photo Guy Frank)
Du XIIIème date également la Thurnburg, aujourd’hui Hôtel de Ville de Wintzenheim, longtemps désignée par le terme de « château ».. Ses origines sont sans doute plus anciennes et pourraient, selon certaines sources, remonter à l’époque romaine. En 1246, elle était propriété l’Ordre des Chevaliers de St Jean qui avait une Commanderie à Colmar. Laissée à l’abandon au fil du temps, elle sera rachetée par la Commune en 1852. Remaniée et agrandie à maintes reprises, seules certaines parties du soubassement ont été conservées. Ce bâtiment, rappelle de par sa base imposante, une autre construction située dans le bas du village et actuellement occupée par la Poste.
06 - L’hôtel de ville de Wintzenheim, ancienne Thurnburg (photo Guy Frank)
La population, est essentiellement rurale, vivant de l’agriculture vivrière et de la viticulture qui tient un rôle non négligeable. Si la majorité des habitants est catholique, une communauté juive, s’installe et se développe : constituée pour l’essentiel de petits commerçants, marchands et colporteurs, elle aura une synagogue (1726) et un cimetière (1795).
07 - Synagogue de Wintzenheim (photo Guy Frank)
Suite aux Traités de Westphalie, l’Alsace intègre le Royaume de France ;
le Conseil Souverain installé à Colmar représente la puissance royale.
A partir de 1793, Wintzenheim, qui compte 2019 habitants,
devient chef-lieu de canton. Elle est le siège d’une justice de paix, d’une
gendarmerie, d’un médecin cantonal, d’une perception, d’une pharmacie, d’un
notariat, ...
Le XIXème siècle est un siècle de mutation
politique, économique et sociale. Ce sont surtout des quartiers excentrés de
Wintzenheim situés aux extrémités de son ban très étendu, qui connaîtront un
développement industriel notoire.
Logelbach, aux origines aussi anciennes que celles de de
Wintzenheim, se trouve le long du canal du Muhlbach ; depuis le 13ème
siècle, ses eaux, indispensables à la vie des habitants de Colmar, actionnaient
des moulins à grains, à papier, de foulage, etc.; à partir du 19,ème
les tissages de coton et la fabrication de toiles peintes ou «indiennes»,
participent à la création d’un important bassin d’emplois et au rayonnement de
la région. D’autre part, sur la partie ouest du ban communal, création de La
Forge,(1840) sur une dérivation de la Fecht.
08 - Fabrique d’Indiennes aux Ets Haussmann Logelbach
Sous la Monarchie de Juillet, les premières écoles communales
sont créées ; les instituteurs et les sœurs de la Divine Providence de
Ribeauvillé marqueront des générations d’habitants. La communauté juive a sa
propre école et son instituteur.
En 1844, une nouvelle église est construite - celle que nous
connaissons aujourd’hui - Elle remplace
une église paroissiale vandalisée à plusieurs reprises au cours du temps,
vétuste, qui se trouvait sur un emplacement rue de la Brasserie.
09 - Ancienne église (1722) dessinée par Vetter avant sa démolition en 1842 (ADHR)
La vie quotidienne reste difficile et la petite paysannerie,
les ouvriers souffrent des conditions économiques et sanitaires misérables. Les
progrès de l’agriculture et de l’industrie, l’amélioration générale des
conditions de vie et de l’hygiène, permettront une lente progression du niveau
de vie.
A partir de 1871 Wintzenheim fait partie du Reichsland
Elsass-Lothringen. En 1885 une ligne de chemin de fer relie Wintzenheim à
Colmar. Des réseaux d’eau courante et d’électricité sont installés, les rues
sont pavées, et bordées de trottoirs.
10 - Un tramway à vapeur, inauguré en 1885, desservait la ligne Colmar-Wintzenheim
Lors de la Première Guerre, Wintzenheim servira surtout de
base arrière et d’établissements de soins pour les soldats. La population
connaît des restrictions, des cantonnements. En 1918 Wintzenheim redevient
française, mais plus de cent de ses enfants ayant combattu sur le front Ouest ou
russe ne reviendront pas...
Au cours des années
suivantes, sa population connait les crises, les mutations sociales dues à
l’évolution économique et politique générale. En 1939 la Seconde Guerre éclate.
Wintzenheim est libérée du régime nazi le 2 février 1945. Épargnée par les
destructions massives, la commune pleure 108 victimes militaires et civiles.
Mais la vie reprend ses
droits. En 1954, installation de la Société Alsacienne de Précision. Les
articles d’horlogerie fabriqués sous la marque JAZ sont vendus dans le monde
entier. Mais suite aux mutations économiques, l’usine fermera ses portes en
1990. Actuellement, un supermarché et diverses enseignes commerciales occupent
une partie de l’ancien site industriel.
11 - De gauche à droite : Ehpad les Magnolias, HLM cour Langweil, site Jaz (photo Guy Frank)
Depuis 1960, une ligne d’autobus a remplacé le tramway et
assure la liaison vers Colmar.
Une nouvelle école communale en 1958 suivi d’un CES et d’un Lycée Agricole répondent
aux nouveaux besoins de la population. A partir de 1960, Wintzenheim connait un
développement démographique important : de nouveaux quartiers sortent de terre,
des zones commerciales sont créés tant à Wintzenheim qu’à Logelbach. En 2009,
mise en place d’une voie de contournement, création de l’Arthuss, rénovation et
extension de l’Ehpad pour ne citer que quelques réalisations. De nos jours, la
viticulture représente toujours une part importante de l’économie de
Wintzenheim, mais l’essentiel de sa population travaille dans le secteur
tertiaire des entreprises environnantes.
12 - L’école primaire Dame Blanche et le Collège Prévert en 2014 (photo Gilbert Bombenger)
Aujourd’hui, Wintzenheim, ne cesse de se métamorphoser pour garantir à ses habitants et aux nouveaux arrivants un panel d’activités et une qualité de vie exceptionnelle.
Copyright SHW 2019 - Webmaster Guy Frank