Il était 13h30 le 15 février 1991 lorsque tout le quartier Ouest de Colmar a été secoué par une explosion sourde. Un immeuble, situé en face de l'ancienne décharge publique de Colmar dite "Ligibell" sautait. Une partie des murs porteurs et toute la toiture étaient soufflés par la violence de l'explosion.
Dans les décombres, trois personnes : Danièle Fien, secrétaire de l'agence immobilière du Canton Vert installée dans un bureau du 1er étage ; au rez-de-chaussée, deux hommes, Paul Crusot, responsable du service après-vente de la société des "Maisons Marly" et Jean-Paul Stintzy, conducteur de travaux. Brûlées au 2e et 3e degrés, ces deux personnes ont été transférées d'abord à l'hôpital Pasteur puis à Metz par l'hélicoptère de la Protection civile au service des grands brûlés. Mme D. Fien s'en est tirée choquée et légèrement brûlée.
Dans l'ancienne maison monofamille, maison témoin de la société Marly, il y aurait eu quelques minutes plus tard une dizaine de personnes au travail et c'est une chance inouïe que l'explosion se soit produite avant la reprise.
Dans le quartier où flottaient encore des odeurs de méthane à l'arrivée des secours, la gendarmerie et la police établissaient immédiatement un cordon de sécurité, faisant évacuer par précaution les occupants des maisons voisines. Et pour cause. Parce que des mesures faites par les services de la R.M.C. (Régie Municipale de Colmar) et par les sapeurs-pompiers révélaient que le sous-sol remblayé où avait été construite en 1975 cette maison indiquait des quantités importantes de gaz méthane dont l'origine ne fit pratiquement aucun doute.
Comment ce gaz a-t-il pu traverser la route en sous-sol ? Hier encore la question restait posée. Néanmoins, l'un des responsables de la décharge a pu préciser que des travaux de drainage de la décharge avaient été entrepris l'an dernier pour permettre l'installation de la torchère chargée de brûler le gaz méthane produit par la fermentation des détritus. Mais dès hier soir vers 17h30, une tranchée parallèle à la route, le long du grillage de la décharge était ouverte pour vérifier l'hypothèse alors qu'un expert strasbourgeois arrivait sur les lieux. A un mètre cinquante de profondeur, dans la tranchée, un taux de 60% de méthane était mesuré.
L'électricité, le téléphone, la circulation étaient coupés et les riverains empêchés de réintégrer leur domicile tandis que dans tout le quartier les mesures de sécurité draconiennes étaient appliquées. Mais désormais, une chose est sûre, l'inquiétude règne autour de l'ancienne décharge. Parce que l'explosion spectaculaire a eu lieu dans le sous-sol du bâtiment sans crier gare, ravageant les locaux à tel point qu'il ne restera qu'une solution : raser le tout.
Source : DNA du 16 février 1991
La décharge du Ligibel se trouve sur la gauche (vaste quadrilatère engazonné) et le terrain avec les résidus de lindane en-bas à droite (petit quadrilatère proche des habitations). Les deux se trouvent sur le ban de Wintzenheim.
Les torchères brûlent en continu sur l'ancienne décharge de Colmar (photo DNA Laurent Habersetzer)
Limitée à l’ouest par la RD 83 et au nord par l’avenue de l’Europe, l’ancienne déchetterie aurait recueilli plus de deux millions de tonnes de détritus depuis son ouverture par arrêté préfectoral en 1973, et jusqu’à sa fermeture en juin 1990. Un vaste réseau de dégazage a été installé sur ce vaste quadrilatère engazonné et plusieurs torchères brûlent le méthane en continu.
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