WINTZENHEIM.HISTOIRE

1947 : Un corbeau pris à son propre piège


1947 : Un corbeau pris à son propre piège

Monsieur Riedinger, épicier à Wintzenheim, reçoit un inquiétant courrier dans le courant du mois de mai, l'enjoignant de payer la coquette somme de 50.000 francs. S'il refuse d'exécuter cet ordre, malheur arrivera à sa famille dans les quarante-huit heures qui suivent.
A la lecture de ces lignes, l'homme blêmit. La lettre est particulièrement menaçante et présente ses auteurs comme des philosophes déterminés ayant déjà du sang sur les mains. Un "Z" mystérieux est employé comme paraphe au document.
Le pauvre commerçant en informe immédiatement la police. Des indications précises sur la marche à suivre, pour livrer l'argent exigé, figurent dans la lettre. Les gendarmes, plus confiants que la victime, décident de monter un guet-apens pour appréhender le maître chanteur. Un peu avant l'heure convenue, le chef de la brigade ainsi qu'un de ses subalternes se cachent à une vingtaine de mètres du lieu indiqué pour déposer l'argent, et attendent...
A 21h45, quinze minutes après l'heure stipulée, un cycliste passe sur la route en sifflotant. Après s'être assuré que personne ne le voit, il fait demi-tour et s'arrête juste au niveau du lieu où l'argent est censé se trouver. Ayant posé son vélo à terre et occupé par ses recherches, le malfrat n'a pas le temps de fuir et est appréhendé par les deux gendarmes.
Le corbeau est un certain Bernard, un adolescent de seize ans. Interrogé sans ménagement par les policiers, le jeune commence par mentir et affirme qu'il se promenait à vélo, sans autre but particulier. Mais, dans les locaux de la gendarmerie, il finit par avouer sa machinations. Il s'agit de son premier coup. Passionné de romans policiers, ces récits lui sont montés à la tête. Il ne s'est pas rendu compte à quel point les menaces, proférées dans son courrier, pouvaient terrifier son destinataire.
Lorsque les parents sont informés de la conduite de leur fils, la nouvelle les consterne d'autant plus qu'il s'agit d'une bonne famille, sans histoire, avec un certain sens de la morale. En attendant d'être jugé, le mauvais garçon pourra tester l'ambiance d'une cellule, comme dans les romans noirs !

Source : Un siècle de faits divers dans le Haut-Rhin, Lucie Jouvet-Legrand, De Borée 2017

Histoire rocambolesque : Une lettre anonyme en 1947


FAIT DIVERS : Le 7 mai 1947, l'épicier Lucien Riedinger de Wintzenheim reçoit une lettre anonyme réclamant une rançon de 50.000 Frs qui doit être déposée par son employée au pied d'un pylône entre la Halte de Wettolsheim et le Ligibell. 

Wintzenheim

Monsieur RIEDINGER, Épicerie
Rue Clemenceau, WINTZENHEIM (Ht/Rhin)

Monsieur,
Nous sommes des Philosophes mais d'un genre spécial. Nous trouvons que la répartition des fortunes est injuste et inégale. Vous êtes riche, votre commerce est florissant rien ne vous manque, aussi vous allez nous verser la somme de 50.000.- Frs.
En cas où vous refusiez de vous soumettre à notre gracieuse demande, nous aurions le regret de loger quelques chargeurs de mitraillettes dans le corps de vos deux enfants de votre femme ou de votre bonne dans les 4 heures qui suivraient votre refus.
Il est inutile de vous prévenir que si vous faisiez appel à la police celle[-ci] serait incapable de vous protéger de nos coups et dans ce cas c'est sur vos enfants en particulier que nous nous acharnions.
P.S. Nous totalisons 4 meurtres / sans avoir été inquiété par la police.
Vous avez le choix entre 50.000.- Frs somme peu importante et la vie des vôtres. Il est certain qu'une fois la somme reçue, nous nous engageons a ne plus jamais vous importuner.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre considération distinguée.
Signature : Z + triangle AVC

Mercredi 7 Mai à 21Hes30, vous déposerez la somme de 50.000 Frs en billets de banque de 1000 Frs, 5000 ou 500 Frs dans une forte enveloppe si il fait beau. Si il pleut vous l'envelopperez dans un paquet bien cartonné.
Votre bonne viendra,
elle et elle seule, apporter l'argent sur la route Wettolsheim-Logelbach à 21 heures trente minutes.
Elle le déposera au pied d'un Pylone électrique situé à 500 m. environ du croisement appelé "Halte de Wettolsheim" du côté de Logelbach à droite en venant de la halte.

dessin indiquant l'emplacement du pylône

Ce pylône est juste au bord de la route un filet de protection est tendu au dessous pour protéger la route.
Votre bonne viendra, seule, elle déposera le paquet ou l'enveloppe dans une touffe d'herbe au côté de Wettolsheim à oo centimètre du support en ciment.

dessin indiquant l'emplacement de la touffe d'herbe

Elle viendra à
pied depuis la halte de Wettolsheim déposera le paquet à 21Hes30, précise à 9 1/2.
Elle ne verra personne et elle repartira par le même chemin.
Sans se retourner.
Deux d'entre nous seront aux alentours puissament armés, en cas de guet à pent, le chef qui ne sera pas sur la route ce jour la, vous abattrait tous, et
en particulier vos enfants.

50 billets de mille ou ?
Mercredi 7 mai 1947
Signature : Z + triangle AVC
Wintzenheim
(collection Paul Riedinger)
Wintzenheim

L'épicier destinataire de la lettre anonyme était Lucien Riedinger, frère de Paul Riedinger victime de l'incendie du 12 janvier 1945 rue de la Victoire. A l'époque, Lucien était célibataire et sans enfants. L'auteur de la lettre, un jeune homme de 16 ans originaire de Wintzenheim, ignorait que les enfants, Gabrielle (Gaby) et Paul (Polo) dont s'occupait Lucien, étaient les orphelins de son frère Paul. Quant à la "bonne" de l'épicier, il s'agissait de Marie-Thérèse Burckard, la maman de Jean-Louis Moser.

Source : Gaby et Polo Riedinger

 

Gaby et Polo Riedinger, appuyés contre la balustrade du clocher de l'église de Wintzenheim (collection Gabrielle Grasser, née Riedinger)


Wintzenheim
(collection Paul Riedinger)
 

Wintzenheim - Gangsterstreich eines 16jährigen

Wintzenheim. - Einen unüberlegten Streich, der ihn teuer zu stehen kommen dürfte, hat sich dieser Tage ein junger Mann von hier geleistet. Am letzten Dienstag erhielt der hiesige Geschäftsmann Herr R. durch die Post einen in Colmar abgestempelten anonymen Brief, in welchem er aufgefordet wurde, am darauffolgenden Tag, abends um 21,30 Uhr am Fusse eines Mastes der Hochspannungsleitung am Rande der Strasse, die von der Wettolsheimer Haltestelle nach Logelbach führt, durch sein Dienstmädchen die Summe von 50.000 Francs niederlegen zu lassen, ansonsten er und seine ganze Familie, vor allem aber die Kinder, binnen 48 Stunden ins Jenseits befördert werden würden. Der Brief, der in korrenktem Französisch abgefasst war, trug als einzige Unterschrift ein grosses rätselhaftes "Z". Der Gendarmerie von Wintzenheim, die von der Sache in Kenntnis gesetzt wurde, gelang es, durch eine ebenso diskrete als geschickte Untersuchung den anonymen Briefschreiber "in flagranti" zu erwischen. Am fraglichen Abend, an welchem das Geld an dem besagten Orte, der in dem Brief durch eine äusserst genaue Skizze gekennzeichnet war, auf der der Urheber selbst das sich am Fusse des Mastes befindliche Grasbüschel nicht vergessen hatte, legte sich der Chef der hiesigen Gendarmerie mit einem Gendarme in ein zwanzig Meter von der besagten Stelle befindliches Kornfeld auf die Lauer, während ein dritter Gendarme die Wettolsheimer Kreuzung überwachte. Es ereignete sich nichts bis etwa eine Viertelstunde nach der im Brief angegebenen Zeit. In jenem Momente kam aus Richtung Logelbach ein Velofahrer, vor sich hinpfeifend, in gemächlichem Tempo dahergeradelt.
Nachdem er etwa 20 Meter über die besagte Stelle hinausgefahren war, machte er langsam kehrt, stieg ab, legte das Rad auf den Strassenrand und ging zu Fuss bis zu dem Maste, wo er sich zu dem Grasbüschel hinabbeugte. In diesem Moment schnellten die beiden Gendarmen in die Höhe und auf ihren Zuruf hob der völlig verdutzte junge Mann auch schon die Hände hoch. Es handelte sich um den 16jährigen S.M. Bernard, Student, Sohn einer höchst ehrbaren und angesehenen Familie, die vor noch nicht allzulanger Zeit sich in Wintzenheim niedergelassen hat. Anfänglich verlegte sich der Ertappte aufs Leugnen und wollte glauben machen, dass er sich auf einer Spazierfahrt befunden habe. Endlich, um 23 Uhr, bequemte er sich zu einem Geständnis. Er gab an, den Streich augeführt zu haben, um sich auf dieser Weise etwas Sackgeld zu verschaffen. Er sei sich hierbei der Tragweite seines verwerflichen Tuns nicht im geringsten bewusst gewesen.
Die Bestürzung der Eltern kann man sich lebhaft vorstellen, als sie von dem Streich ihres Sprösslings erfuhren. Waffen oder dergl. hatte er nicht auf sich.
Angesichts der Schwere des Falles musste die Gendarmerie zu seiner Verhaftung schreiten, worauf er dem Parquet in Colmar zugeführt wurde.
Source : Les Dernières Nouvelles du samedi 10 mai 1947

Un jeune homme de 16 ans auteur d’un acte crapuleux

Wintzenheim. - Un jeune homme originaire de la commune a commis un acte qui pourrait lui coûter cher. Mardi dernier, le commerçant local R. a reçu une lettre anonyme postée à Colmar dans laquelle on le sommait de déposer le lendemain soir à 21h30, par l’intermédiaire de sa bonne, la coquette somme de 50.000 Frs au pied de l’un des poteaux de la ligne de haute tension qui longe la route entre la Halte de Wettolsheim et Logelbach. En cas de refus, lui, sa famille et plus particulièrement ses enfants seraient exécutés dans les 48 heures.

La lette incriminée était rédigée dans un français correct et portait comme seule signature un grand et énigmatique « Z ». La gendarmerie de Wintzenheim informée par la victime, a réussi, grâce à un stratagème discret et éprouvé, à mettre la main au collet du malfaiteur pris en flagrant délit. Ledit soir, alors qu’un gendarme surveillait le croisement de la Halte de Wettolsheim, le chef et un autre des ses collègues de la brigade locale s’étaient tapis dans un champ de maïs à une vingtaine de mètres de l’endroit où la rançon venait d’être déposée. La lettre anonyme contenait, en effet, un croquis extrêmement précis indiquant même la touffe d’herbe au pied du poteau sous laquelle l’argent devait être placé.

Rien ne se passa dans le quart d’heure suivant l’heure indiquée. Mais, à ce moment-là, un cycliste venant de Logelbach, roulant à vitesse modérée, s’approcha en sifflotant. Après avoir dépassé l’endroit fatidique, il fit subitement demi-tour, descendit du vélo, le déposa sur le bord de la route, se dirigea vers le poteau et se pencha vers la touffe d’herbes. Les gendarmes surgirent à cet instant et interpelèrent le jeune homme éberlué qui leva aussitôt les bras. Il s’agissait de Bernard S.M., étudiant, âgé de seize ans. Issu d’une famille honorable installée à Wintzenheim depuis peu, le prévenu a d’abord nié voulant faire croire à une simple ballade. Vers 23h00 cependant il reconnut les faits, y ayant vu un moyen commode de se procurer de l’argent de poche. Il reconnut aussi ne pas avoir eu conscience ni de la portée ni de l’impact de son geste condamnable.

Ce sont des parents effondrés qui ont été informés des agissements de leur fils qui n’était pas armé.

Compte tenu de la gravité des faits, les gendarmes ont procédé à son arrestation et l’ont présenté au parquet de Colmar.

(traduction Marie-Claude Isner)

Wintzenheim

(collection Paul Riedinger)

 

Fast wie im Kriminalroman

Wintzenheim (près Colmar). Der hiesige Epicier R. erhielt vor einigen Tagen einen anonymen Brief, in dem er aufgefordert wurde durch sein Dienstmädchen am 7. Mai abends 21.30 Uhr am Fusse eines genau bezeichneten Elektrizitätsmastes, auf der Strasse von der Wettolsheimer Haltstelle nach Logelbach die Summe vom 50.000 Fr. niederlegen zu lassen. Im Falle einer Weigerung wurde Herrn R. angedroht, dass innerhalb von 48 Stunden seine Familie und vor allem seine Kinder getötet würden.
M. R. benachrichtigte die Gendarmerie, die am Abend des 7. Mai in der Umgebung der bezeichneten Stelle einen diskreten Ueberwachungsdienst organisierte. Gegen 21.45 Uhr kam von Logelbach her ein Radfahrer, dessen Vehikel nur schwach beleuchtet war. Beim bezeichneten Elektrizitätsmast hielt er an... und schon war er von den Gendarmen gefasst. Es war der 16jährige Bernard S.M. aus Wintzenheim, der nach kurzem Leugnen gestand, der Urheber des Briefes zu sein. Er gab an, zum ersten Mal ein solches Unternehmen versucht und allein gehandelt zu haben.
Der junge Mann, der Schüler einer Colmarer höheren Lehranstalt ist, entstammt einer allgemein geachteten Familie. Sein Vater konnte sich den Fall nicht anders erklären als, dass sein Junge, der eine spezielle Vorliebe für Kriminalromane hat, durch diese Lektüre beeinflusst wurde. Der 16-Jährige wurde dem Colmarer Procureur zugeführt, der ihn ins Gefängnis einliefern liess.

Presque comme dans un roman policier...

Wintzenheim (près de Colmar). Il y a quelques jours, l’épicier local R. a reçu une lettre anonyme le sommant de déposer le 7 mai à 21h30, par l’intermédiaire de sa bonne, la coquette somme de 50.000 Frs au pied d’un poteau électrique soigneusement décrit et situé le long de la route reliant la Halte de Wettolsheim à Logelbach.
En cas de refus, M. R, sa famille, et en premier lieu ses enfants, seraient exécutés dans les 48 heures.
M.R. se rendit à la gendarmerie. Le soir du 7 mai un discret service de surveillance fut mis en place à proximité de l’endroit indiqué. Vers 21h45 une bicyclette mal éclairée et en provenance de Logelbach s’approcha. Arrivé à hauteur du poteau, le cycliste s’arrêta… et fut aussitôt arrêté par les gendarmes. Il s’agissait de Bernard S.M., âgé de 16 ans, et originaire de Wintzenheim.
Celui-ci avoua peu après son arrestation être l’auteur de la lettre. Il indiqua aussi que c’était la première fois qu’il commettait un tel acte et qu’il avait agi seul.
Le jeune homme, lycéen à Colmar, est issu d’un milieu familial respectable. Son père n’a pu expliquer le geste de son fils que par son attrait pour les romans policiers et leur influence exercée sur le jeune homme.. Après avoir été présenté au Procureur de Colmar, le jeune homme a été écroué.
(traduction Marie-Claude Isner)


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