WINTZENHEIM.HISTOIRE

8 septembre 1959 : Saint-Gilles


Le 9 septembre 1959, suite à un ennui technique* peu après le décollage, le lieutenant Boisnaud fut dans l'obligation de s'éjecter. Le F-86K (13-QT) sérial number 54883 s'écrasa dans la forêt aux alentours de la commune de Wintzenheim près du lieu-dit "Saint-Gilles" (Source : CAP 132, magazine de la Base Aérienne de Colmar-Meyenheim - N° 209 - mai 2010)

* rupture d'un câble d'alimentation de la pompe à kérosène entrainant un arrêt du réacteur (Philippe Seither)

Un "F 86K-JET" de Meyenheim s'écrase dans la forêt de Saint-Gilles

Le pilote, éjecté en parachute, atterrit près d'Eguisheim.

WintzenheimPour un accident d'aviation spectaculaire, c'en était un ! Beaucoup de Colmariens, mais surtout les personnes qui travaillaient dans les champs et dans les vignes ont pu assister au moins à l'une des phases.

Il était environ 10h30 hier matin, lorsqu'un avion à réaction qui volait en direction Nord-Ouest perdit subitement de l'altitude et passa en trombe au-dessus de Turckheim où l'on vit le siège éjectable se détacher et le parachute s'ouvrir. Des personnes se trouvant au Champ de Mars virent nettement le parachute poussé par le vent du nord, se diriger en direction d'Eguisheim, tandis que l'avion continuait son parcours tout droit, perdant continuellement de l'altitude et paraissant vouloir aller s'écraser sur Wintzenheim.

Le bruit se répandit quelques minutes plus tard que l'avion, un F-86K (Sabrejet), s'était écrasé au sol près de Saint-Gilles et qu'il y avait provoqué un incendie de forêt. En fait, les pompiers de Colmar, de Turckheim et de Wintzenheim furent appelés sur les lieux, où nous arrivions quelques minutes après eux.

Derrière la maison forestière et la ferme de Saint-Gilles, en bordure de la route, on aperçoit un pré qui s'avance sur environ cinq cent mètres dans la forêt. Il est entouré de trois côtés des versants de la montagne. C'est précisément à cet endroit dans le fond de ce pré que l'avion chasseur tous temps, alla s'écraser après avoir cassé le toit de la maison forestière. Il creusa un cratère profond de trois mètres tandis que le rebord supérieur de l'entonnoir avait au moins cinq mètres de diamètre.

L'avant de l'appareil complètement ratatiné par le choc fut projeté hors du cratère pour aller s'échouer à quelques mètres de là. Le choc fut tellement violent que des personnes se trouvant à quelques centaines de mètres de l'endroit crûrent à une explosion de bombe. Des pièces détachées furent projetées dans la forêt jusqu'à 400 mètres du lieu de collision, entre autres les mitrailleuses.

Fort heureusement le carburant s'était déversé en majeure partie dans le cratère, mais des flammèches allumèrent néanmoins un incendie à quelques vingt ou trente mètres de l'avion à trois différents endroits de la forêt. L'effort réuni des pompiers et surtout la moto-pompe de ceux de Colmar, eurent tôt fait de maitriser le feu.

Comme l'accident avait été observé partout à la ronde, une foule considérable accourut à l'endroit du sinistre, de sorte qu'il fallut rapidement organiser un service d'ordre, d'autant plus que le cratère avait mis à jour des grenades à main allemandes qui, enterrées à cet endroit, menaçaient d'éclater sous l'effet de la chaleur.

Pendant ce temps le pilote, le lieutenant Boisnaud, habitant Colmar, continuait sa descente en direction d'Eguisheim. Il atterrit devant un bâtiment, dans un champ situé à quelques centaines de mètres derrière la briqueterie, presque en bordure de la route reliant Eguisheim à la Nationale. Il eut la chance d'avoir pu être parachuté et d'atterrir quasi normalement après avoir évité de justesse une ligne de haute tension. Un véhicule des Ponts-et-Chaussées le ramena à la base de Meyenheim qu'il venait de quitter peu de temps auparavant à bord d'un "Sabre-jet" pour un vol d'entrainement.

Nous attirons l'attention du public sur le danger qu'il y a de ramasser des débris de l'appareil qui était équipé pour l'état d'alerte, et dont les munitions et armes sont éparpillées au travers de la forêt dans un rayon de 500 mètres. Ce serait un ramassage de souvenirs qui pourrait coûter fort cher à leurs détenteurs.

Pour l'instant les causes de l'accident sont encore inconnues et il appartiendra à la commission d'experts de l'armée de l'Air de les déterminer.

Néanmoins on peut supposer que ce sont les mêmes causes qui ont provoqué l'explosion de l'appareil après le décollage, comme celles qui ont provoqué l'explosion du F-86K qui s'est écrasé l'année dernière près d'Andolsheim : un défaut dans l'admission du kérosène dans la turbine.

Photo 1 : Les pompiers avaient un devoir dangereux à remplir, car dans des cas analogues, on peut toujours craindre des explosions.

Photo 2 : Quelques mètres en avant du cratère, on découvrit la partie avant, entièrement écrasée en une masse informe, tandis que des pièces étaient éparpillées sur un rayon de 500 mètres.

Photo 3 : Des pièces de l'avion se trouvaient accrochées jusque dans la couronne des arbres avoisinants.

Photo 4 : La partie arrière de l'avion gisait au fond du cratère d'où sortaient au début des flammes hautes de plusieurs mètres.

 Source : Les DNA du 9 septembre 1959


Un avion à réaction de la base de Meyenheim s'abat à l'entrée de la vallée de Munster

Le pilote est descendu sain et sauf en parachute près d'Eguisheim.

WintzenheimDans le ciel clair de septembre, les avions à réaction ont tracé leurs orbites, en "mission locale" selon le terme exact. A 10h30, un pilote s'adressa par radio à sa base, celle de Meyenheim, signalant qu'il se trouvait en difficultés mécaniques. Il survolait à ce moment la région ouest de Colmar. Quelques instants plus tard, bien des paysans et vignerons qui se trouvaient dans les champs, aperçurent le cockpit se détachant de l'appareil pour descendre lentement, soutenu par un parachute. Le pilote s'était fait éjecter de l'appareil en perdition. L'appareil sans pilote, il s'agissait d'un "Sabre F-86K", tournoyait encore au-dessus de la région pour virer sur l'aile et s'abattre ensuite avec violence à l'orée de la forêt de Saint-Gilles, à proximité de la maison forestière. Il creusa un entonoir et explosa avec grand bruit.

Le point de chute est situé à 300 mètres de la maison forestière au fond du petit vallon de Saint-Gilles. Lorsque peu d'instants après l'accident nous arrivâmes sur les lieux en même temps que les pompiers de Colmar, nous n'avons rencontré qu'un amas de débris fumants, d'où s'élevaient de petites flammes. L'explosion avait noirci les arbres des alentours. Les débris de l'avion étaient éparpillés sur plus de 300 mètres et des flammes courtes dansaient sur le sol de la forêt, pareilles à des feux follets.

Les équipes de sapeurs-pompiers de Turckheim et de Wintzenheim qui étaient également arrivées sur les lieux, se mirent, en commun avec les pompiers de Colmar, à éteindre le feu et à ratisser la forêt à la découverte des débris épars pour prévenir tout incendie. De temps en temps un crépitement signalait que les munitions de bord explosaient sous l'effet de la chaleur. Aussi, les gendarmes, qui arrivèrent sur les lieux, établirent-ils un barrage autour du point de chute de l'avion.

Des curieux étaient accourus par centaines.

Les pompiers et gendarmes qui étaient arrivés les premiers ignoraient encore que le pilote avait sauté en parachute. Avec inquiétude on examinait les débris de l'avion, mais  des témoins oculaires annoncèrent bientôt qu'ils avaient vu le cockpit de l'avion se détacher avant la chute de l'appareil.

L'on apprit bientôt que le pilote s'était posé sans mal près des tuileries d'Eguisheim. Il s'agit du lieutenant Boisnaud, qui avait effectué en compagnie de plusieurs autres avions un vol de patrouille. Il avait quitté son appareil après avoir perçu dans le réacteur de son appareil une détonation.

La commission d'enquête de la base de Meyenheim arriva sans tarder sur les lieux.

Le commandant de la base prie les personnes qui ont observé l'avion au moment où le cockpit s'est détaché, de se faire connaître à la base pour donner éventuellement d'utiles renseignements à la commission d'enquête.

Photo 1 : Près du point de chute, un pneu du train d'atterrissage se consumait dans la forêt de Saint-Gilles.

Photo 2 : Les restes tordus de la carlingue au point de chute

Photo 3 : Un sinistre panache de fumée marque l'endroit où l'appareil a fait explosion.

Source : L'ALSACE du 9 septembre 1959


Le Sabre F-86K

Photo fournie par Paul Aubert

Arrivé en pleine Guerre Froide, le F-86K a équipé deux escadrons de chasse installés sur la base aérienne de Colmar-Meyenheim. Christophe Gasztych a retracé dans son livre paru en 2009 l'histoire de cet avion de chasse qui, à l'époque, constituait « le nec plus ultra en matière de défense aérienne » (Sabre sur l'Alsace, le F-86K en service dans l'armée de l'air, Christophe Gasztych)


Nous recherchons un maximum d'articles de presse, de témoignages, de rapports et de photos de ce crash à Saint-Gilles

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